Tout a commencé il y a 2 ans en 2016, après l'ouverture de ma cave "La Maison du Vin" à Pézenas. Je suis tombé sur le corrigé du questionnaire de sélection pour le concours du "Meilleur Caviste de France" qui se déroule tous les deux ans. Cela m'a replongé dans mes années d'école hôtelière et plus précisement des cours d'oenologie. Ce qui m'a plu, c'est surtout les questions en rapport avec notre quotidien de commerçant de proximité. Je me suis dit ok on voit ça en 2018 !
Et puis tout arrive vite, donc début 2018 je m'inscris, puis vient la sélection au printemps. Un peu de stress forcément, mais surtout l'envie de se jauger, de se mettre en danger. C'est toujours ce qu'il m'a plu dans la compétition, plus que le résultat en lui-même. L'email arrive et me voilà qualifié pour la demi-finale en Septembre à Bordeaux au Château Belgrave, grand cru classé du Médoc, près de l'AOC Saint Julien et l'AOC Margaux.
L'été est vite passé et je n'ai pu que très peu réviser. Dans mon métier, j'ai la chance de pouvoir déguster très régulièrement donc je voulais mettre l'accent sur les connaissances théoriques qui me feraient certainement défaut le moment venu, car certains candidats s'entrainent des mois durant à apprendre des cartes, des chiffres, des noms...
Septembre est là, je pars à Bordeaux. L'accueil est organisé, l'ambiance détendue entre collègues. Beaucoup se connaissent car sur 40 demi-finalistes, 17 étaient déjà là il y a 2 ans. Le soir, un diner de bienvenue est organisé au chateau La Grave en AOC Pessac Léognan. Le Syndicat des Cavistes Professionnels fait son maximum pour développer l'image de la profession. Le rendez-vous est donné pour le lendemain matin.
Une série de 40 questions en 1h nous attend. Le questionnaire se partage en 25 questions à choix multiple et 15 questions ouvertes dont une en anglais. Le niveau de connaissance demandé est très relevé et pour ma part il m'est impossible de répondre à toutes les questions.
Puis vient la dégustation à l'aveugle. 3 "liquides" sont servis l'un après l'autre. Nous avons 10 minutes par verre pour commenter, proposer des accords mets et vins et estimer un prix de vente.
Le premier verre arrive, c'est un vin effervescent. Au nez je détermine qu'il s'agit d'un chardonnay (notes beurrées) en bouche les bulles sont fines, de légers amers apparaissent (agrumes) c'est bon. Un léger manque de tension en finale me fait hésiter, je pars tout de même pour un AOC Champagne de la Côte des blancs...c'était un (très bon) Crémant de Bourgogne (100% Chardonnay).
Le 2ème verre arrive. C'est un vin rouge, la robe est claire, le nez épicé. Les larmes sur le verre me font penser à un vin riche. Le nez est poussiéreux (défaut de bouteille?). En bouche, beaucoup de fruits, d'épices d'explosivité et de fraicheur. Je pense à un vin atypique, sur un terroir frais et ensoleillé. J'opte pour un vin corse issu de sciaccarellu et nielluccu....Faux, c'est un Coteaux champenois (100% Pinot noir) bluffant.
Le 3ème verre est déposé sur la table, reste 10 minutes d'épreuve. La robe est dorée, épaisse, le nez ne laisse pas de doute, c'est un whisky, fumé, peut-être même tourbé. Beaucoup de fruité, des arômes de pêches en première bouche, puis un grand éclat, puissant, finale toujours sur le fumé. Je pars sur un un whisky single malt du Speyside en Ecosse, avec un taux d'alcool supérieur à 40°. Oui c'est un Benromach 10 ans du Speyside (43°, peu tourbé).
Voilà, on rend les fiches de dégustation, on signe la feuille et l'on sort de la pièce. Nous attend une belle visite du Chateau Belgrave et un cocktail avec les partenaires du concours. Le retour à la gare de Bordeaux est agréable en passant devant les grands noms du Médoc : Chateau Palmer, Chateau Beychevelle, Prieuré Lichine, Marquis de Terme...
Les résultats viennent d'arriver. Comme pressenti, je ne suis pas qualifié en finale. La marche était trop haute mais je suis satisfait de ma participation. Cette édition m'a permis de prendre connaissance avec le concours et pourquoi pas le re-tenter dans 2 ans avec une meilleure préparation.
Bonne chance aux huit finalistes.
Aurélien Carron